Depuis quarante ans, l'Iesto (Institut des études économiques, sociales et
techniques de l'organisation) forme des salariés ou des étudiants à
l'organisation d'entreprise. Si cet institut du Cnam (Conservatoire
national des arts et métiers) semble connu des milieux avertis, il ne
bénéficie pas de l'aura de stages de formation comme ceux de la Cegos.
Il fonctionne en vase clos: 80% des élèves sont envoyés par les
"anciens". C'est pour ces raisons que les dernières promotions de cette
année - il y en a trois par an - ont décidé d'imposer l'image de leur
formation. Une communication qui leur apparaît essentielle face à la
complexité du monde économique. Selon eux, l'organisation se révèle un
bon moyen, pour une direction générale, de donner cohérence au système.
Sans compter que le recours fréquent à des conseils extérieurs nécessite
de plus en plus la présence d'interlocuteurs avertis dans l'entreprise.
"Il faut qu'il y ait dans les entreprises des gens capables de
délimiter les interventions. Au risque de voir, sinon, les consultants
externes se comporter comme des garagistes", met en garde Gloria Casari,
la nouvelle directrice des études.
L'aspect boîte à outils de la formation
A
l'Iesto, les étudiants travaillent sur des sujets aussi variés que la
réorganisation d'un service approvisionnement, les méthodes de mise en
place de système qualité ISO9002 ou l'étude d'organisation du service
achat. Des thèmes qui attirent des ingénieurs mal à l'aise dans des
fonctions trop techniques. C'est le cas de Françoise Georget, ingénieur
en électronique, travaillant en bureau d'étude. "J'avais envie de
compléter ma formation pour évoluer vers l'organisation", explique cette
jeune femme de 28ans. Elle a quitté l'industrie pour faire l'Iesto par
le biais d'un CIF (congé individuel de formation). Elément le plus
apprécié des étudiants: l'aspect boîte à outils de la formation. Les
grands discours sont certes présents par l'intermédiaire de consultants
ou d'universitaires, mais l'aspect concret n'est pas le parent pauvre du
cursus: théorie des graphes (mathématiques de l'organisation), méthodes
informatiques, conduite de réunions, résolution de conflits, ergonomie,
analyse de la valeur, approche systémique, etc. Au total, six mois de
cours intensifs avec des travaux en groupes et six mois de stages avec
mémoire, soutenance et note d'approfondissement sur un sujet ayant trait
à l'organisation. "Je suis allé beaucoup plus loin que les objectifs
que je m'étais fixés", se félicite Michel Vincent, 40ans, délégué des
élèves, qui vient du secteur hospitalier et espère, une fois son diplôme
en poche, travailler pour les collectivités locales. Valeur ajoutée:
l'Iesto est le seul établissement en France à délivrer, dans le domaine
de l'organisation, un diplôme homologué au niveau1 (bac+5) par
l'Education nationale. On pourrait s'attendre à trouver les diplômés
dans des sociétés de conseil. Ils se placent en fait en majorité (93%)
dans les entreprises Renault, Rhône-Poulenc, Alcatel, Thomson
ou la Fonction publique, qui, elles, envoient également leurs cadres en
formation (sur 65% de salariés, 29% sont des CIF). "Ce qui prouve qu'on
n'apprend pas à monter des usines à gaz", se réjouit Michel Vincent,
qui a l'intention de mettre en oeuvre avec Francine Georget, son
homologue de la promo précédente, un "trépied, à la manière des grandes
écoles". En clair, un BDE (bureau des élèves), une association d'anciens
et un bureau des carrières. Histoire de prouver que l'Iesto peut lui
aussi jouer dans la cour des grands.
Sophie Peters Van Deinse
Conditions d'accès
Admission: sur dossier et entretien pour les bac + 4 et bac + 2 et trois ans d'expérience professionnelle.
Durée du cursus: un an en cycle continu, deux ans et demi en alternance.200diplômés par an.
Coût: 71000 francs dans le cas d'un salarié, 40800 francs pour une inscription à titre individuel.
Lieux: Paris, Nantes, Lyon, Montpellier.